L'Égypte - Canal de Suez


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Canal de Suez

Lorsque l'on parle du canal de Suez, on pense tout de suite à cet impressionnant long ouvrage de 163 km qui relie les villes de Port Saïd et Suez en Egypte, et donc par la même occasion la mer Méditerranée et la mer Rouge. Un projet colossal donc, qui tire son histoire dans le passé...

Même si sa construction est contemporaine, l'histoire nous raconte que le pharaon Sésostris III (environ 2000 ans avant J.-C.) avait lui aussi envisagé de relier les eaux entre elles. Ainsi, il aurait fait creuser un canal reliant le Nil et la mer Rouge. Dès lors, ce prédécesseur du canal de Suez n'a cessé d'être détruit, abandonné et reconstruit, avant d'être totalement laissé pour compte au VIIIe siècle par un calife arabe.

Il faut attendre le XIXe siècle pour que l'idée d'un canal refasse surface. Ce sont alors les Saint-Simoniens qui ont l'idée du projet. En 1833, Prosper Enfantin, un ingénieur et économiste français propose au vice-roi de l'époque, Méhémet Ali, le projet. Mais celui-ci ne retient pas son intention. Cela ne décourage pas les Saint-Simoniens qui continuent leur travail sur le canal. Leur croyance en la viabilité de leur projet est telle, qu'ils fondent en 1846 une société d'étude pour le canal. Ils arrivent à convaincre Ferdinand de Lesseps, un diplomate et entrepreneur français, à concrétiser le projet. Entre 1859 et 1869, sa compagnie creuse le canal. A l'époque, l'Egypte n'avait que 44% des parts du projet, les autres propriétaires étant quelque 20 000 français. Même si le canal de Suez fut inauguré le 17 novembre 1869, un premier navire l'emprunta le 17 février 1867.

Endettée, l'Egypte revend rapidement ses parts au Royaume-Uni qui désire s'assurer une route vers les Indes. C'est ainsi qu'en 1882, des troupes anglaises débarquent en Egypte pour protéger le canal et en profitent pour mettre le pays sous leur protectorat. En 1888, la convention de Constantinople décrète que le canal est neutre, ce qui signifie qu'en tout temps (guerre, paix…) il peut fonctionner. Désireux d'avoir une main mise toujours plus grande, les Anglais parviennent à éloigner les français du projet.

En 1956, afin de financer la construction du barrage d'Assouan, Nasser nationalise le canal. Episode qui ne sera pas sans créer quelques tensions du fait du caractère stratégique du lieu. La France, Israël et le Royaume-Uni (qui ont des intérêts non négligeables dans le canal) s'unissent contre l'Egypte et lancent l'opération de Suez. Mais leur action est vite condamnée par les Nations Unies qui reconnaissent la légitimité égyptienne. Puis en 1967, le Canal est une nouvelle fois le siège d'un conflit. Israël défait l'armée égyptienne dans ce qu'il considère être une attaque préventive (Guerre de Six jours). Le canal est alors fermé, des troupes de l'ONU sont alors chargées de maintenir la paix. Il ne reprendra son activité qu'en 1975.

Aujourd'hui, le canal est sujet à de nombreuses inquiétudes et interrogations. Tout d'abord d'un point de vue environnemental, la coupure écologique crée par le canal effraie certains scientifiques. De plus, le transfert de l'eau a permis à des espèces et des parasites de se mettre en contact alors qu'elles étaient séparées depuis des millions d'années. Quelles conséquences en découleront ?… Mais il est vrai que la construction du canal de Suez a permis la viabilité du barrage d'Assouan, qui donne à des millions d'Egyptiens un apport régulier en eau et électricité. Le bond économique qui a également permis au canal de propulser l'Egypte sur le devant de la scène commerciale mondiale est immense. Il n'est pas négligeable de préciser que le canal est la troisième source en devises de l'Egypte. Le ralliement de la mer Méditerranée et de la mer Rouge a permis, il est vrai, une ouverture entre l'Orient et l'Occident fructueuse, mais l'attrait qu'a suscité le canal par le passé et encore aujourd'hui, inquiète les égyptiens. Tant pour les risques d'attentats terroristes que ce lieu stratégique peut susciter que par les dangers écologiques (et économiques pour les pêcheurs) d'un trafic maritime encore difficilement contrôlé.

Il est vrai que le canal de Suez a bien des avantages, il permet entre autres d'éviter d'avoir à contourner l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance pour aller d'Europe en Asie, mais cela incluait-il de se poser en mains de Dieu, et de remanier la terre et les eaux à sa propre convenance. Le débat est lancé, tout comme il le fut avec son jumeau, le canal de Panama.